L’apport de la thérapie corporelle adaptée aux addictions

L’apport De La Thérapie Corporelle Dans Le Traitement De La Toxicomanie Et Des Dépendances En Général


A la base, l’identité du sujet se constitue grâce au regard que ses proches (en général la mère avant tout) pose sur lui. Sans ce regard "bienveillant" la structuration de la personnalité ne peut évoluer. Chez la personne dépendante tout se passe comme si les rôles maternels et paternels avaient été perturbés : la relation maternelle entre fusion et rejet, pas assez apaisante pour que l’enfant puisse s’en détacher, la relation paternelle impuissante à équilibrer la première, ce dernier ne jouant pas son rôle structurant.

Ainsi l’enfant reste-t-il en état de dépendance et de manque, ce qui va poser des problèmes dans la structuration de la personnalité et dans sa capacité à gérer ses émotions et notamment à supporter la douleur, à accepter la frustration ou la perte.
C’est sur un tel terrain que l’addiction peut apparaître comme une solution à la souffrance causée par les débordements émotionnels que le sujet est incapable de gérer.
On ne peut parler d’émotions sans évoquer la notion de réalité corporelle :

L’image inconsciente du corps est liée à l’histoire du sujet car le corps est le lieu où s’inscrivent les expériences émotionnelles. Ces expériences sont elles-mêmes issues de la manière dont l’entourage à façonné le lien à l’enfant depuis les premières années de sa vie, la période archaïque d’avant le langage. Ainsi l’image du corps s’élabore à l’insu du sujet.


Ce qui manque au sujet dépendant c’est une image de soi réaliste, une connaissance de soi et une conscience de son propre corps comme faisant partie de sa personnalité, c’est aussi la reconstitution de son schéma corporel définit comme étant la représentation, le vécu cérébral ou psychologique du corps ; la destructuration du schéma corporel entrainant une souffrance existentielle (mauvaise acceptation de soi, difficulté à établir ses propres limites…

Fort de cette prise de conscience concernant le rapport étroit entre réalité émotionnelle et réalité corporelle, une prise en charge au niveau corporel est primordiale.

En cours de traitement, des symptômes douloureux physiques et psychiques (angoisses, demande de maternage, régressions, agressivité, douleurs physiques) vont apparaître : c’est le réveil des inhibitions. Il faut gérer l’anxiété contenue dans l’état de tension de la musculature.
Face à cette réalité, la prise en charge psycho-corporelle vise à la reconstruction du moi grâce à un travail sur le schéma corporel au travers des symptômes physiques et psychiques en présence. Travailler sur le corps c’est travailler avec les sentiments et les émotions, et la notion de thérapie corporelle nous amène à définir une « physiologie de l’émotion » et à toucher à la racine du problème.

Petit à petit la rencontre entre le mental et le corps s’effectue et le schéma corporel apparaît et s’affine, s’affirme lentement dans la conscience. La personne dépendante garde le souvenir d'une pratique où elle a entamé un dialogue avec son corps et cela l'incite à se percevoir comme sujet et non plus comme objet.
La thérapie corporelle va permettre de réguler l’énergie du corps en se penchant sur les symptômes et en prenant en charge leur manifestation pour accompagner et soutenir les patients en souffrance.
Le patient pourra prendre conscience plus rapidement de ses traumatismes refoulés et de la nécessité de les prendre en charge.

Il s’agit en fait d’aider le patient à reconnaître et à réinvestir ses sensations corporelles et ses sentiments et lui apprendre qu’il peut avoir une action sur ces derniers en dehors de toute relation de dépendance.

Réinsérer le sujet dépendant dans l’humain puis dans le social et lui permettre de retrouver l’envie et l’intérêt de réinvestir sa vie est l’objectif à atteindre.

Pour cela l’utilisation d’outils thérapeutiques corporels est importante dans le traitement de la dépendance ; cependant ces derniers pourrons être utilisés de manière optimale seulement si l’on tient compte de ceci : il est indispensable au delà des techniques de respecter le rythme du patient en souffrance et d’attendre que notre accompagnement prenne du sens pour lui. Car, sans son acceptation et son adhésion pleine et entière, l’action thérapeutique ne pourra pas produire les effets recherchés.

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